Liberté Versus Confinement ? le regard de notre professeur de philosophie.
Confinement versus Liberté ?
Voici le petit texte proposé par Patrice Blondet, professeur de philosophie.
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre »
Pascal, Pensées, Fragments Divertissement
« […] le commencement de l'hiver m'arrêta en un quartier où, ne trouvant aucune conversation qui me divertit, et n'ayant d'ailleurs, par bonheur, aucuns soins ni passions qui me troublassent, je demeurais tout le jour enfermé seul dans un poêle, où j'avais tout le loisir de m'entretenir de mes pensées. »
Descartes, Discours de la méthode, Deuxième partie
Voilà tout le paradoxe de la condition humaine, lorsque nous sommes en bonne santé, ce qui est un élément essentiel, nous voyons comme une malchance de nous trouver confinés alors qu’il s’agit justement d’un temps dédié à la réflexion, au retour sur soi, à un repli pour mieux se déplier.
Nous ne pouvons plus nous détendre comme nous le souhaitons mais nous avons enfin le loisir de nous entendre sur nos valeurs.
Emportés par la vie quotidienne, nous sommes émus face à la possibilité qui nous est laissé. Ce que ce confinement nous apporte c’est de repenser notre rapport à la liberté précisément au moment où notre liberté paraît remise en cause.
Ne plus pouvoir sortir, c’est se rendre compte que l’on a déjà beaucoup en soi ou chez soi.
On découvre la liberté de lire ces ouvrages achetés mais rangés directement dans la bibliothèque, la liberté de passer un moment avec ses proches et de les voir sous un autre jour, la liberté de prendre le temps de contacter ceux qui sont loin, la liberté de réaliser que la bonne santé est la richesse la plus importante dont nous disposons car elle est à la source même de toutes les libertés.
Mais ce confinement entraîne le droit de repenser notre rapport au travail. Pour la plupart d’entre nous, habituellement, nous n’avons pas à remettre notre vie en jeu en besognant. Cependant suite à ce confinement, nous avons le devoir de prendre conscience que certains œuvrent au péril de leur vie afin de nous garantir notre future liberté.
Voilà tout le paradoxe de la condition humaine !
M. Blondet